Armée de Terre : vaste achat de mines antichars dans un contexte de tensions



Publié par La rédaction le 24 Novembre 2025

L’Armée de terre se réarme massivement en matière de « contre‑mobilité» et entend acquérir jusqu’à 60 000 mines antichars, un choix stratégique dans un contexte international tendu où la densification de la capacité défensive redevient prioritaire.



Pourquoi l’armée de Terre se dote de mines antichars

Premièrement, l’Armée de terre fait face à une logique de retour des affrontements de haute intensité, après des années privilégiant plutôt projection, opérations asymétriques ou interventions hors‑zone. Le conflit en Ukraine, par exemple, a remis en avant la valeur des dispositifs d’interdiction de terrain : « les lignes de tranchées, des champs de mines et des fortifications ont fait leur réapparition lors de la guerre d’Ukraine ». Dans ce cadre, l’armée de Terre mise sur la mise en œuvre de mines anti‑chars : l’appel d’offres publié le 19 novembre 2025 par la Direction générale de l’armement (DGA) vise « une quantité maximum de 60 000 mines antichars à pression de guerre, équipées d’une charge principale minimale de 6 kg équivalent TNT ». 

Deuxièmement, cette acquisition répond au besoin de « contre‑mobilité », c’est‑à‑dire la capacité à ralentir, canaliser, voire bloquer les mouvements adverses, notamment de blindés ou de moyens motorisés. Ainsi, dans un document de mars 2024, la DGA explique que « Face à un adversaire de premier rang doté d’une force blindée et agissant sur un front élargi, la contre‑mobilité constitue, à moindre coût, une capacité primordiale pour compléter les appuis feux, équilibrer le rapport de forces et préserver le potentiel de combat des unités amies ».

Troisièmement, l’acquisition massive de matériel s’inscrit dans un cadre de mobilisation plus large de l’industrie, de renouvellement capacitaire et de dissuasion. L’armée de Terre anticipe des scénarios où la supériorité en masse ne joue plus seule, d’où l’importance d’obstacles comme les mines antichars pour créer des ruptures de mobilité.

À quoi sert ce matériel et comment est‑il conçu

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Les mines antichars à pression visées sont destinées à être posées manuellement et à neutraliser des véhicules blindés, chenillés ou à roues, en impactant leur mobilité. Le cahier des charges stipule une charge minimale de 6 kg équivalent TNT. Cela permet de réduire ou d’empêcher la progression d’un engin de combat ou d’un char. Les systèmes envisagés incluent deux variantes : une version à faible technologie pour la masse et une version « nouvelle génération » combinant capteurs sismiques/magnétiques/pression, enterrable ou utilisable en zone immergée jusqu’à 1 m. 

Le programme « contre‑mobilité future » initié par la DGA inclut également des mines dispersables, associées à des vecteurs (véhicules 4×4, 6×6 ou 8×8) capables de poser rapidement des champs de mines sur un large front. Dans ce cadre, c’est l’armée de Terre qui se dote d’une capacité pour s’adapter à des terrains, des axes de manœuvre ou des zones de rupture où la mobilité adverse doit être contrée. Ces mines antichars deviennent un outil incarné de la stratégie de défense terrestre.

Quel but dans un contexte sensible de tensions internationales

Dans un contexte géopolitique marqué par la montée en puissance des forces terrestres adverses, la prolifération des armes de précision, des drones et la transparence accrue du champ de bataille, l’armée de Terre accentue ses efforts pour conserver un avantage tactique. Le recours aux mines antichars permet notamment :

de créer des zones défensives à moindre coût comparé à des blindés ou des systèmes actifs ;

de ralentir ou canaliser l’adversaire, l’obligeant à des itinéraires connus ou à subir des délais de manœuvre ;

de protéger les propres forces en fixant ou en dissuadant l’arrivée d’unités adverses.
Ce choix s’inscrit aussi dans une logique industrielle et de mobilisation de masse, avec un achat en série (« jusqu’à 60 000 ») impliquant un effet volume. Enfin, il s’adresse à un horizon où la France doit être capable de défendre son territoire mais aussi d’agir en Europe et en coalition face à des menaces terrestres élargies.


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