Pourquoi l’armée de Terre se dote de mines antichars
Deuxièmement, cette acquisition répond au besoin de « contre‑mobilité », c’est‑à‑dire la capacité à ralentir, canaliser, voire bloquer les mouvements adverses, notamment de blindés ou de moyens motorisés. Ainsi, dans un document de mars 2024, la DGA explique que « Face à un adversaire de premier rang doté d’une force blindée et agissant sur un front élargi, la contre‑mobilité constitue, à moindre coût, une capacité primordiale pour compléter les appuis feux, équilibrer le rapport de forces et préserver le potentiel de combat des unités amies ».
Troisièmement, l’acquisition massive de matériel s’inscrit dans un cadre de mobilisation plus large de l’industrie, de renouvellement capacitaire et de dissuasion. L’armée de Terre anticipe des scénarios où la supériorité en masse ne joue plus seule, d’où l’importance d’obstacles comme les mines antichars pour créer des ruptures de mobilité.
À quoi sert ce matériel et comment est‑il conçu
Le programme « contre‑mobilité future » initié par la DGA inclut également des mines dispersables, associées à des vecteurs (véhicules 4×4, 6×6 ou 8×8) capables de poser rapidement des champs de mines sur un large front. Dans ce cadre, c’est l’armée de Terre qui se dote d’une capacité pour s’adapter à des terrains, des axes de manœuvre ou des zones de rupture où la mobilité adverse doit être contrée. Ces mines antichars deviennent un outil incarné de la stratégie de défense terrestre.
Quel but dans un contexte sensible de tensions internationales
Dans un contexte géopolitique marqué par la montée en puissance des forces terrestres adverses, la prolifération des armes de précision, des drones et la transparence accrue du champ de bataille, l’armée de Terre accentue ses efforts pour conserver un avantage tactique. Le recours aux mines antichars permet notamment :
de créer des zones défensives à moindre coût comparé à des blindés ou des systèmes actifs ;
de ralentir ou canaliser l’adversaire, l’obligeant à des itinéraires connus ou à subir des délais de manœuvre ;
de protéger les propres forces en fixant ou en dissuadant l’arrivée d’unités adverses.
Ce choix s’inscrit aussi dans une logique industrielle et de mobilisation de masse, avec un achat en série (« jusqu’à 60 000 ») impliquant un effet volume. Enfin, il s’adresse à un horizon où la France doit être capable de défendre son territoire mais aussi d’agir en Europe et en coalition face à des menaces terrestres élargies.